- grinçant
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• 1846; de grincer1 ♦ Qui grince. Des « antiques guimbardes aux essieux grinçants » (Dorgelès).2 ♦ Fig. Une musique grinçante. ⇒ discordant .♢ Des compliments grinçants. ⇒ aigre. Ironie grinçante.Synonymes :Se dit d'un propos féroce, aigreSynonymes :- âcre- amergrinçant, anteadj. Qui grince.|| Fig. Amer, irrité. Un ton grinçant.⇒GRINÇANT, -ANTE, part. prés. et adj.I. — Part. prés. de grincer.II. — AdjectifA. — [Correspond à grincer A] Qui grince, qui produit un son aigre, continu, d'intensité variable, plus ou moins strident et métallique. Le bruit de la porte avec sa serrure criarde et ses verrous grinçants (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 245). Le jardin en friche, avec ses arbustes dépouillés (...) sa pompe grinçante où des camarades se nettoient (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 61).— P. anal. [Qualifiant un subst. désignant un instrument de musique] :• 1. Au début de l'enregistrement des disques, on était obligé de dénaturer les timbres de l'orchestre (...) pour obtenir un effet équivalent à celui qui avait été voulu par le compositeur : nous avons connu les clarinettes et les haut-bois « pleurards », les cors « vagissants » et les violons « grinçants »!E. GUIRAUD, BUSSER, Instrument., 1933, p. 261.— P. ext. [Qualifiant un subst. désignant un son] Qui a une qualité aigre, sèche, dissonante. Le bruit grinçant et régulier de son mécanisme [d'une horloge] (GRACQ, Argol, 1938, p. 106). À ces quelques accords plus ou moins grinçants succède bientôt une musique coordonnée (CLAUDEL, Soulier, 1944, 1re part., 1re journée, p. 939).♦ P. anal., dans le domaine visuel. Synon. criard. Des harmonies grinçantes de bleus et de roses (ESCHOLIER, Greco, 1937, p. 142).B. — [Correspond à grincer B 2]1. Grinçant de qqc. Qui laisse paraître une humeur acerbe qu'on ne peut contenir à cause de. Sans faire semblant de rien, Mme Bornet passa dans la cuisine. Elle en revint grinçante d'indignation. — Devine où il est, notre gâteau? M. Bornet se dressa comme un point d'interrogation énorme, oscillant (RENARD, Lanterne sourde, 1893, p. 48).2. Qui laisse paraître de l'aigreur ou de l'acrimonie. Synon. acrimonieux. Je l'ai toujours trouvé (...) grinçant et hostile au point que j'ai dû cesser de le voir, pour lui supprimer l'occasion de s'essayer à l'impertinence des ducs, sans grandes chances d'y réussir (MONTESQUIOU, Mém., t. 2, 1921, p. 179). Le type grinçant se plaît à la contradiction, met les plus calmes à bout de nerfs (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 481).— En partic.♦ Dents grinçantes. Dents serrées qui grincent sous l'empire d'un affect intense. Mon Villars est devenu blanc comme plâtre; je le vois encore se lever, les dents grinçantes, les poings fermés (ARLAND, Ordre, 1929, p. 11).♦ [En parlant de la voix, du rire, du ton] Qui a un accent désagréable, dénotant de l'acrimonie ou de l'agacement. Sa voix saccadée, grinçante, avait perdu tout naturel, toute gravité (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1372). Avec ce regard acéré, ce rire un peu grinçant, ce petit ricanement méphistophélique, qui décontenançaient infailliblement ses interlocuteurs (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. XCI).— Au fig. [Qualifiant un subst. désignant un état pyschol. ou un style] Qui est acerbe, dénotant de l'acrimonie ou de l'aigreur. Il demeurait silencieux pendant une partie du repas, puis devenait d'une gaieté grinçante (L. DAUDET, Am. songe, 1920, p. 114). Il entrait chez Laforgue une sorte d'ironie grinçante et ricanante que la douce Australienne n'a pas connue (CARCO, Montmartre, 1938, p. 204) :• 2. C'est un interminable chapitre qui décrit assez pesamment ce qu'était ce « foyer franco-belge » (...) excellente occasion pour lui [Gide] de faire un portrait en pied de Charlie; portrait trop appuyé, à la fois véridique et caricatural, un peu féroce, un peu grinçant, assez amusant par endroits, mais qui n'a vraiment pas sa place dans ce livre.MARTIN DU G., Notes Gide, 1951, p. 1403.Rem. On relève l'emploi subst. masc. à valeur de neutre. La voix naturelle est un bruit; surtout dès qu'elle augmente par les passions, elle change continuellement, va au suraigu et au grinçant (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 111).Prononc. : [
], fém. [-
]. Fréq. abs. littér. : 170.
grinçant, ante [gʀɛ̃sɑ̃, ɑ̃t] adj.ÉTYM. 1846, Dumas, in T. L. F.; du p. prés. de grincer.❖1 (Choses). Qui grince, émet des grincements. || Porte, poulie grinçante. || Essieux grinçants (→ ci-dessous, cit. 2), roues grinçantes. — Péj. || Un violon grinçant. — Par métaphore :1 Puis la lourde et robuste puissance de sa pensée commençait à se mouvoir dans la force d'abord un peu grinçante et dans la puissance un peu sourde de sa parole, qui prenait aux entrailles.Ch. Péguy, la République…, p. 20.2 (…) les voitures de compagnie (…) antiques guimbardes aux essieux grinçants (…)R. Dorgelès, les Croix de bois, IV.3 (Personnes; abstractions psychiques). Acerbe, acrimonieux. || Une personne grinçante et hostile. — Gaieté grinçante. — Cour. || Une ironie grinçante. || Des compliments un peu grinçants. ⇒ Aigre. — (L'adj. mêlant la caractérisation physique [→ ci-dessus, 2.] et psychologique). Cour. || Un rire, un sourire grinçant.4 Rare. || Les dents grinçantes : en grinçant des dents (⇒ Grincer).
Encyclopédie Universelle. 2012.